L'attentat de Marrakech, un risque pour le tourisme au Maroc

Après les révoltes arabes qui ont déjà plombé les départs vers les pays d'Afrique du Nord, l'attentat de Marrakech, en visant un haut lieu du tourisme, pourrait porter un coup très dur au Maroc, où les Français constituent la clientèle principale.
L'attentat perpétré jeudi contre un café très fréquenté de la célèbre place Jamâa El-Fna a fait 15 morts --dont 11 étrangers-- et une vingtaine de blessés, selon un bilan officiel marocain vendredi.
Menée dans la ville préférée des touristes, à 350 km au sud de Rabat, l'attaque a touché en premier lieu des Français: au moins six morts et sept blessés, selon Paris.
En 2010, le Maroc a accueilli 9,4 millions de touristes, selon les chiffres officiels marocains. La France en fournit le principal contingent avec près de 2 millions de visiteurs, devant l'Espagne.
Les tours-opérateurs français ont annoncé vendredi maintenir les départs. Selon une porte-parole de leur association (Ceto), qui rassemble 80% des professionnels, aucun de leurs clients ne fait partie des victimes de l'attentat meurtrier de Marrakech.
Toutefois, le pays, deuxième destination étrangère des Français après la Tunisie, devrait faire face à une "baisse au moins dans un premier temps de 25%" des réservations, a estimé Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme.
Une vraie catastrophe pour le Maroc, souligne-t-il pour l'AFP, car ce pays a fait du tourisme un axe principal de son développement. Une "priorité nationale absolue", précise l'observatoire du tourisme du Maroc sur son site.
Marmara, qui se présente comme leader du voyage sur ce pays, a confirmé le maintien de ses vols après l'attentat. "Nous sommes en cellule de crise pour l'instant. C'est très prématuré de se prononcer sur l'avenir", a indiqué un porte-parole à l'AFP.
"Comme d'habitude dans ce genre de crises, on se conforme aux décisions du ministère (français) des Affaires étrangères. Aujourd'hui, le ministère ne déconseille pas d'aller au Maroc, donc les vols sont maintenus", a-t-il précisé.
Le porte-parole a toutefois précisé que les touristes pouvaient choisir de ne pas partir, l'assurance du tour-opérateur prévoyant la possibilité pour les clients d'annuler leurs séjour et d'être remboursés en cas d'attentat.
Les voyagistes maintiennent aussi les vols. "Il y a plusieurs milliers de clients qui vont arriver pour ce week-end", a déclaré à l'AFP Jean-Marc Roze, secrétaire général du syndicat des agents de voyage (Snav).
Selon lui, "il n'y a pas de vague de fond d'annulations, donc les opérations continuent".
Si les annulations se multipliaient, ce serait d'autant plus dommageable pour le Maroc, resté jusqu'à présent à l'écart des violences de la vague de révolte dans les pays arabes mais qui n'a pas réussi à profiter à plein d'un report de destinations de la part des touristes.
Les soulèvements populaires ont été catastrophiques pour le secteur du tourisme en Tunisie et en Egypte, et le royaume alaouite a pâti d'un effet d'amalgame après l'extention des manifestations en Egypte, Libye, Yémen, Bahreïn, et a vu, à son tour, chuter ses réservations de quelque 10%.
En Tunisie, les baisses sont allées jusqu'à 50% après la fuite du président Ben Ali le 14 janvier, selon plusieurs professionnels. Récemment de passage à Paris, le ministre tunisien du Commerce et du Tourisme Mehdi Houas a estimé que 2011 sera une année touristique "désastreuse" et que si la Tunisie faisait la moitié de son résultat de l'an dernier "ce sera déjà pas mal".
Les destinations hors d'Afrique du Nord, telles que l'Espagne, la Grèce et la Turquie ont elles profité de ces désaffections avec des croissances à deux chiffres, de +50% à +60%, a-t-on indiqué chez Marmara.

source : AFP  

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