Rapport sur la régionalisation avancée,

 
 
Contexte général et problématique


        La région actuelle au Maroc, est née d’une longue gestation et apparaissait comme le 
ressort d’une nouvelle dynamique de développement, avait en fait des ambitions limitées. La 
régionalisation n’a pas donné de résultats tangibles, et se trouve en décalage par rapport aux 
espérances.  

        En fait, le sens attribué à la décentralisation au Maroc a toujours revêtu un caractère 
d’apprentissage et d’initiation; à travers la délégation et non l’abandon des responsabilités ; et  
son appréciation par les diverses familles politiques au Maroc était plutôt dissonante. 

        Pourtant les défis auxquels le Maroc se trouve confronté ; de mondialisation et de 
conjoncture internationale, d’ouverture sur le monde et particulièrement sur l’Europe, 
d’intégration  maghrébine  recherchée,  et  de  réalités  sociopolitiques  et  économiques 
nationales ; requièrent un nouveau regard sur la régionalisation.  

        Les régions italiennes, espagnoles, et françaises, sans parler des Landers allemands, 
constituent, depuis des années déjà, des locomotives de développement qui, non seulement 
soulagent l’Etat, mais lui permettent d’optimiser les actions de développement ; en tant 
qu’acteur fondamental en matière d’accompagnement de proximité et de facilitation.  

        Les responsabilités régionales apparaissent désormais comme les ressorts de la 
puissance économique de demain; même si les régions elles mêmes, connaissent entre elles 
des contrastes indéniables, et des disparités ; qu’il faut corriger, à travers notamment la 
solidarité nationale.   

        Il est indéniable que la gestion de proximité constitue la meilleure voie susceptible 
d’imprimer au développement local la cadence appropriée et requise ; et la région apparaît 
comme l’élément structurant d’une nouvelle vision du développement, et non comme un 
simple organe d’opérationnalisation des programmes de développement nationaux.  

        L’institution de la Commission Royale chargée d’élaborer un projet de régionalisation 
propre au Maroc, qui prend appui sur son histoire, ses fondamentaux, ses constantes et ses 
spécificités ; consacre la Volonté Royale pour inscrire la nouvelle vision de la gestion du 
développement dans un ancrage territorial adéquat ; fort de ses instruments, cadré par des 
concepts porteurs, clair dans ses desseins, imprégné des besoins réels et prioritaires de la 
population, affirmé dans sa gouvernance et performante dans sa gestion. 

        La problématique réside dans le fait de savoir comment l’Etat peut accorder plus de 
pouvoirs et de ressources à une région, et en même temps continuer à jouer son rôle d’agent 
unificateur, facilitateur et régulateur ?  Quelles compétences juridiques, éducationnelles, 
économiques, financiers… attribuer aux régions ?  Comment harmoniser la politique étatique 
avec les objectifs régionaux de développement ? Comment déployer des ressources humaines 
compétentes et aptes à porter le projet structurant d’une régionalisation élargie ? 
 
        L’enjeu est de taille, et il s’agira d’être innovant pour imaginer l’architecture régionale 
spécifique la plus adaptée et la plus prometteuse pour porter le développement territorial de 
 et jouer le rôle de stabilisateur social de proximité; en s’inscrivant dans le cadre des 
Orientations Royales et des attentes des populations.  


La régionalisation au Maroc : Etat des lieux ; 
      
L’évaluation, même sommaire, des régions au Maroc, fait apparaître de façon évidente 
des dysfonctionnements et des disparités parfois intolérables.  
     1.  Des   prérogatives   modestes,   et   des   pouvoirs   limités,  conférés aux conseils régionaux,
          avec une prédominance du Wali en sa double qualité de tuteur et d’ordonnateur; 
     2.  Un système d’élection inapproprié, qui produit des élus qui ne s’identifient pas à la 
          région et qui ont tendance à se comporter plutôt comme des élus de leurs communes 
          respectives ; 
    3.    Des ressources financières globalement insuffisantes, et en deçà des enjeux de 
         développement des territoires. A quoi s’ajoutent les disparités entre régions, dans la 
         mesure où les plus nanties d’entre elles bénéficient davantage des efforts financiers de 
         l’Etat et des organismes de financement dédiés aux collectivités territoriales. 
     4.  Des     paradoxes     économiques        frappants :  Une     étude    récente    démontre     que   durant    la
         période     2000-2007,       cinq   régions   ont   contribué     à  la  création    de  60,6%     la  richesse
         nationale.
        Situation   au   niveau   du   secteur :  région   Souss-Massa-Draa   réalise   32%   de   la   valeur
        agricole nationale ; et Sud 36,4% de la valeur nationale du secteur des Pêches maritime,
        Au niveau de l’activité secondaire : création de richesse plutôt concentrée, et 1ère place
        pour Grand Casablanca avec une contribution de 36% de la valeur ajoutée du secteur, et
        également 49% de la production industrielle du pays.
        Au niveau du secteur tertiaire : régions les plus concernées sont le Grand Casablanca
        avec 15,6% et Rabat-SZZ avec 13,8% + forte concentration de l’activité économique et
        administrative, assurant plus de 2/3 des activités de transport et communications ; et près
        de 3/4 des activités financières.
        Au     niveau     des   hôtels-restaurants :      régions     Souss-MD       et   Marrakech-TH,         réalisent
        respectivement 26,6,4% et 33,1% de la VA du secteur.
        Ces disparités se répercutent évidemment sur les autres paramètres, notamment au niveau
        de la création des richesses, du PIB/habitant, des dépenses de consommation...
     5.  Des inégalités en matière d’encadrement sanitaire et éducatif
          Des écarts au niveau sanitaire
        Régions   Rabat-SZZ   et   G.Casablanca,   couverture   la   plus   importante   en   matière   d’accès
aux soins médicaux, et disposent respectivement d’un médecin pour 884 et 1961 personnes ;
contre 3113 comme moyenne nationale.
Les   régions   Sud   en   nette   amélioration   et   connaissent   les   performances   les   plus   élevées   par
rapport à la moyenne nationale.

        Cinq régions, ne comptent qu’un médecin public pour 7376 à 5151 personnes.

          Des distorsions sur le plan du système éducatif
        Régions   de   Taza-A-T   (52,32%)  et   Doukala-Abda   (45,7%),   sont   les   plus   touchées   avec
pour les tranches d’âges 10 ans et plus.

        Les situations avantageuses occupées par les régions développées et mieux équipées sur
le   plan   des   infrastructures :   Grand   Casablanca   22,9%   pour   les   personnes  âgées   de   10   ans   et
plus,  et Rabat-Zaer-Zemmours avec 26,19%.
     6.  Des disparités en matière d’infrastructures ;
        La   mondialisation   et   l’ouverture   prévisible  des   frontières   du   Maroc  dans   le   cadre   des
accords   de   libre   échange   et   du   statut   avancé   avec   l’Union   Européenne :   nécessaire   mise   à
niveau du pays sur le plan des infrastructures.

        Même   si   au   niveau   national   des   avancées   certaines   ont   été   enregistrées   ces   dernières
années   au   niveau   de   la   réalisation   ou   du   lancement   de   chantiers   structurants,   des   disparités
réelles   entre régions, d’où la nécessité d’assurer une mise à niveau et une répartition équilibrée
des nouveaux projets structurants.

IIème partie : Les perspectives de la régionalisation au Maroc,
        1.  La région : une collectivité locale majeure au service du développement de 
            proximité,  
        1.1 la régionalisation comme aboutissement des réformes de la dernière décennie, 
        Régionalisation élargie et avancée cadrée par le Discours Royal du 03 janvier 2010. 
Réforme, couronnement  d’étape de la dernière décennie avec des avancées notables 
enregistrées, notamment : 
    -   Lancement de grandes réformes : Droits de l’homme et affirmation de l’Etat de droit,  
        Equité et réconciliation, le statut de la famille/Moudawana…, 
    -   Renforcement de la démocratie par l’association de toutes les couches sociales à la 
        gestion de la chose publique : IRCAM, CORCAS, CMEE, nouveau concept de l’autorité et 
        rapprochement de l’administration des administrés…, 
    -   Création d’agences de développement (Nord, Sud, Oriental),  
    -   Lancement de chantiers structurants : Tanger MED, Bouregrag, Autoroutes…  
     -   Initiation de stratégies sectorielles de développement économique et social : Maroc 
         Vert, Halieutis, Artisanat.. ; mais aussi plan de mise à niveau des entreprises… 
     -   Lancement  INDH, projets socio‐économiques intégrés, Fondations œuvres sociales, 
         logements économiques, couverture médico‐sociale AMO…, 
     
         Cette décennie coïncide également avec le lancement de chantiers structurants de 
modernisation et de réforme de l’administration : notamment la gestion budgétaire axée sur 
le résultat et la globalisation et ressources humaines… 
 
         Le projet de la régionalisation élargie vise la consolidation de ces acquis et à leur 
dépassement pour étendre la réforme à d’autres espaces et à d’autres chantiers qui 
contribueront à la cohérence de l’ensemble et à la mise en place d’une gouvernance nationale 
et territoriale porteuse de progrès et de développement.  
          
         Il s’agira notamment de participer activement à la construction du Maroc de demain et 
du Maroc du statut avancé avec l’Europe, en s’attachant à la réforme de la Justice, au 
renforcement de la déconcentration corollaire de la régionalisation, à l’élaboration d’une 
charte sur l’Environnement, à la règlementation de la presse et du droit de grève, à 
l’institution du Conseil Economique et Social… ; dans une projection ambitieuse visant la 
construction d’un Maroc uni, fort, moderne, fortement attaché à la monarchie,  à ses 
sacralités et aux constantes de la nation, fier de ses traditions et résolument ouvert sur son 
environnement… ; 
     
         La démarche retenue pour le lancement du chantier de la régionalisation, se veut « un 
tournant majeur dans les modes de gouvernance territoriale », et  «un prélude à une nouvelle 
dynamique de réforme institutionnelle profonde » (Discours de SM LE ROI).  
          
         Le Maroc s’installe donc dans un processus permanent de réformes, d’adaptations au 
contexte et donc de veille stratégique, en vue de renforcer la démocratie et l’Etat de droit et 
des libertés. L’approche participative adoptée dans la conduite du projet multidimensionnel et 
structurant de la régionalisation, est une invitation à l’appropriation de ce chantier structurant 
par ceux qui sont appelés à le mettre en œuvre et à le faire réussir ; ainsi que ceux auxquels il 
s’appliquera demain. 
          
          Le Maroc doit concevoir un modèle de régionalisation issu principalement des 
spécificités de notre pays ; même si des regards doivent être portés du côté des expériences 
des autres pays, notamment pour tirer les conclusions des échecs enregistrés et éviter de 
verser dans les projections qui y ont conduit. L e rapport sur le « cinquantenaire de 
l’indépendance » fait ressortir l’idée que le modèle des régions autonomies espagnoles 
constitue un bon exemple dont le Maroc pourrait s’inspirer pour développer son système de 
régionalisation. Cette vision n’est cependant pas partagée par tous les spécialistes, compte 
tenu du fait que l’Espagne avait fait son choix de régionalisation dans un contexte historique 
qui lui était propre.  
         
         1.2  La régionalisation élargie vue par le Mouvement Populaire  
        Le     Projet de reforme visant l’instauration d’une régionalisation  élargie au Maroc constitue aux yeux du Mouvement Populaire :
- Un tournant décisif en matière de gouvernance territoriale, et de renforcement du rôle du citoyen dans la participation et la gestion locale ;
- Un choix délibéré pour raffermir l’Etat de droit ;
- Un saut qualitatif dans le processus de la pratique démocratique ;

        Le   MP   considère   à   cet   effet   que le   contenu   du   Discours   Royal   du   03   janvier   2010,
apporte le cadrage idoine dans lequel doit se déployer l’architecture à convenir pour la région
de demain,

        Le projet de régionalisation élargie est une opportunité historique ; qui s’inscrit dans le
prolongement de l’action du MP et sa contribution permanente à la construction du Maroc des
institutions et des libertés ; qui correspond à l’appréciation que le MP se fait de la situation
politique du pays ;et qui vers dan le illage des réformes politiques et constitutionnelles proposées par le MP, lors de son dernier congrès,

        Il s’agit aussi d’une réforme démocratique et institutionnelle profonde, et une affirmation
irréversible de l’option démocratique,   pour passer d’une régionalisation timorée, à une régionalisation avancée, à objectifs et perspectives de développement ;

        La région est également un cadre mobilisateur d’énergies et producteur d’élites locales, à
travers une vision de développement centré sur un management territorial et financier, basé sur des choix   précis,des priorités et une gouvernance régionale porteus  d  changement et de développement. 
        Le     MP    considère     par   ailleurs   que    l’équilibre     régional;    territorial,   social   et   culturel;
constitue la pierre angulaire de sa stratégie politique, issue d’une pensée marocaine profonde et
enracinée avec un fond national et un prolongement populaire authentique.

C’est pourquoi, il       a toujours préconisé l’instauration d’une régionalisation élargie, respectueuse
des    spécifiques      locales   et  libératrice    des    énergies    dans    ses   programmes,       compte      tenu   des
considérations suivantes :

    • L’intérêt permanant porté au développement rural dans ses différents aspects.
    • La nécessite d’assurer un encadrement des zones marginalisées des différents régions,
    • Son combat pour l’instauration de la démocratie culturelle, à travers le pluralisme dans
ses différents composantes et provenances, dans le cadre d’une nation unifiée et renforcée ;

        Pour le MP, la réussite de ce chantier structurant est cependant tributaire de l’adoption
des principes généraux suivants :

1-L’unité   nationale,   comme   condition   préalable   pour   toute   réforme   d’envergure   et   comme
base essentielle postulant l’engagement et l’attachement aux valeurs sacrées de la Nation et aux
invariants de l’Etat, qui ont marqué son histoire, sa stabilité, son rayonnement et la solidarité de
toutes     ses    composantes;        en   l’occurrence,      la    Monarchie       Constitutionnelle,        basée     sur   la
Commanderie   des   Croyants,   à   travers   un   Islam   modéré   tirant   sa   légitimé   de   rite   malékite,
l’unité nationale et la souveraineté de l’Etat.

     Toutes      ces    constantes      ont   garanti     et  garantissent      encore     le   respect     des   différentes
composantes de l’identité nationale marocaine, aussi bien que le plan de langues, des ethnies
que de la culture.
2- La   régionalisation   escomptée   par   le  MP   s’inscrit   dans   le   cadre   du  renforcement   de   l’Etat
dans      ses   missions      vitales,   stratégique       et  d’orientation.       Il  doit   notamment         continuer     à
centraliser      les   attributions     inhérentes      à   la   défense,     drapeau,     hymne       National,     relations
étrangères, affaires Islamiques, Justice, sûreté nationale, devise... ; et à tout ce qui symbolise la
souveraineté de l’Etat. Il s’agit de réfléchir à la philosophie et aux perspectives et ne pas verser
dans des négociations           conflictuelles autour des attributions, mais plutôt tendre à préciser les
responsabilités, et rechercher la complémentarité et l’adéquation souhaitable pour une politique
régionale de proximité.

    L’objectif   final   étant   d’assurer   un   équilibre   institutionnel   entre   l’Etat   et   la   région   dans   le
cadre   d’une   répartition   efficace   et  réfléchie   des   responsabilités   au  niveau   de   la   décision,   de
l’exécution et du contrôle.
3-Le   projet   de   la   régionalisation   doit   être   marroco-marocain,   bâti   sur   un   socle   national   et
prenant en considération les spécifiques marocaine en évitant de s’inspirer de façon littérale et
superflue       d’expériences        conçues      autour     de   considérations        ethniques      ou    géographiques
réductrices.
4- La     régionalisation       élargie    doit   être   constitutionnalisée        dans     ses   grands   principes,       et
soumise à un référendum, pour lui conférer la légitimité populaire la plus large possible;
5-Elaboration          d’une     loi  portant     organisation       de    la  région     et   précisant     le  nombre,      le
découpage,   les   attributions,   les   modalités   de   gestion,   ainsi   que  les   relations   avec   les   autres
autorités centrales et locales.
6-La      mobilisation       populaire      de   toutes    les   composantes        de   la   société    autour     du    projet
novateur       de   la  régionalisation        élargie ;    à  travers    un   large    débat    et  une   participation      des
citoyens   à   la   réussite   de   la   régionalisation   souhaitée   et   à   sa   promotion   auprès   de   l’opinion
publique internationale.

         Il s’agit de montrer sue le Maroc est uni dans sa différence, et que c’est une vieille nation
solidaire      et  complémentaire,         fière   de   sa   diversité    culturelle,    linguistique,      géographique        et
ethnique, mais attachée à son destin commun et à sa marocanité.
La régionalisation se veut aussi une réponse idoine à la gestion de la cause nationale dans les
provinces du Sud.
7-Le   principe   de   la   solidarité   est   essentiel   pour   permettre   aux  différentes   régions             d’assurer
leur mise à niveau, notamment sur le plan des infrastructures de base, sur le plan social ainsi
qu’au niveau de l’enseignement et de la santé.
Il    s’agit   pour     l’Etat    d’assurer     au    préalable      à   chaque     région,     les   mêmes       chances      de
développement,   d’une   part ;   et   pour   la   région,  de   s’appuyer   d’abord   sur   la   valorisation   et
l’optimisation des potentialités et des atouts qu’elle recèle, d’autre part.
         2.  Les préalables à une régionalisation élargie ; 
         Les quatre fondamentaux sur lesquels doit s’appuyer la conception générale du projet 
marocain de régionalisation, se déclinent en fait dans le Discours Royal : « l’attachement aux 
sacralités et aux constantes de la nation…, La consécration du principe de solidarité…, la 
recherche de l’harmonisation et de l’équilibre, pour ce qui concerne les compétences et les 
moyens…, l’adoption d’une large déconcentration… ». 
          
         La mise en œuvre de la régionalisation préconisée postule des préalables et implique un 
processus évolutif permanent, qui ne pourra bien évidemment être installé que 
graduellement, dans la mesure où il requiert le réaménagement de tous les paramètres de 
l’exercice du pouvoir et de la gestion des moyens, ainsi qu’une appropriation par les élites 
locales.   
         2.1‐ Le renforcement des attributions et prérogatives de la région, 
         La région doit disposer de pouvoirs lui permettant de devenir l’un des acteurs 
principaux de la conception et de l’exécution des politiques publiques au niveau territorial.  
          
         Pour agir en responsable de ces politiques et en porteur du projet de développement 
régional, qui devra être contractualisé avec l’Etat, la région doit être investie de réels pouvoirs 
de décision et d’initiative ; non seulement pour peser sur les orientations de développement  
au niveau régional ; mais  aussi et surtout pour rendre compte des résultats enregistrés, par 
rapport à des missions et à des objectifs arrêtés en concertation avec tous les acteurs locaux, 
et en premier lieu le wali de région. 
          
         Pour clarifier la relation entre Etat et Région, et éviter les empiètements et clivages 
éventuels ; Il y a lieu de définir de façon précise ; aussi bien les attributions qui resteront du 
ressort de l’Etat unitaire qu’est le Maroc; que les attributions propres aux régions, communes 
à toutes les régions et imprescriptibles ; et les attributions pouvant être partagées et/ou 
confiées par l’Etat à la région. 
          
         Il est évident que dans un pays unitaire comme le Maroc, l’Etat conservera, dans toutes 
les hypothèses, les attributs de souveraineté ainsi que le pilotage de certains projets 
structurants à impact national et/ou inter‐régional.  
         2.2‐ La révision du mode de scrutin et  la dotation de la région d’organes de gestion 
                 performants, 
         L’un des vecteurs du renforcement des pouvoirs des régions consiste à élire ses organes 
au suffrage universel direct et non indirect comme c’est le cas aujourd’hui. L’objectif est de 
substituer les élus du peuple aux « élus des élus », pour donner à la région sa vigueur et sa 
personnalité ; aux élus une source de légitimité incontestable et à la démocratie plus 
d’adhésion et de renforcement.  
          
         La région sera jugée à l’aune du statut et du rôle de son exécutif et ne sera crédible 
qu’avec un exécutif élu directement, doté de pouvoirs étendus de représentation de la 
collectivité régionale sur tous les actes de la vie administrative et civile. La région doit être 
érigée en collectivité responsable et en véritable interlocuteur de l’Etat et des autres 
collectivités locales. 
          
         Le rôle des walis doit également faire l’objet d’une révision, pour passer à un statut de 
partenaire privilégié de l’Etat, qu’il représente et dont il coordonne les services déconcentrés ; 
que de la Région, dont il doit être l’interlocuteur dans la conception et la mise en œuvre des 
politiques publiques régionales. 
         2.3‐ Le pourvoi des régions en RH compétentes et valorisées  
         Le contexte général est en évolution incessante et requiert une adaptation permanente  
à cet environnement changeant. La mondialisation,  la compétitivité globale, la 
déconcentration, l’adoption de nouvelles méthodes de travail,  l’intrusion des nouvelles 
technologies de l’information et de la communication(NTIC)… ;  postulent, non seulement la 
rationalisation de la gestion, mais aussi une anticipation des problèmes, une gestion 
prévisionnelle et une veille permanente. 
          
         La rareté des moyens et la compétition exercée sur les ressources financières 
disponibles, ainsi que la surexploitation et la dégradation des ressources naturelles au niveau 
du territoire, postulent une rationalisation de la gestion de l’existant, en termes de ressources 
et d’espaces ; dans une optique de management axée sur les résultats.  

         En outre, la nouvelle dynamique sociétale, a fait émerger des citoyens et des usagers 
exigeants revendiquant plus d’éthique et de moralisation dans la conduite des politiques 
publiques. 
          
         L’Etat et les collectivités locales, et notamment les régions, doivent en effet désormais 
prendre en charge de nouvelles missions, à caractère plus social, économique, 
environnemental, éducationnel… mais aussi d’encadrement, d’impulsion, de facilitation, 
d’accompagnement, de modération, d’orientation et de formation. 
          
         Face à ces mutations en accélération constante et à l’émergence de nouveaux métiers, 
les ressources humaines sont interpellées et apparaissent comme le vecteur du changement,  
le promoteur du développement et de la compétitivité, et le véritable créateur des richesses.  
 
         Il s’agira dans le cadre de la régionalisation élargie, d’induire une dynamisation et une 
mobilisation de ressource humaines compétentes et réactives,  porteuses de projets de 
développement au niveau régional, autour d’objectifs conçus à partir d’approches 
managériales novatrices, et de démarches spécifiques.  
          
         L’administration publique, qu’elle soit étatique, déconcentrée ou décentralisée doit se 
remettre systématiquement en cause et être continuellement à la recherche de la 
reconnaissance et de la légitimité sociale.  
          
         Plus que jamais l’administration marocaine,  à travers ses managers stratégiques et 
opérationnels nationaux et régionaux, doivent évoluer dans le sens des mutations que connait 
leur environnement afin d’assurer le passage harmonieux, d’un passé dont il faut consolider 
les acquis et corriger les dysfonctionnements, vers un futur prometteur.  
         2.4‐ Le développement des moyens financiers  
              et la valorisation des atouts et potentialités locales, 
         Si le développement des régions doit s’appuyer d’abord sur les aouts et potentialités 
locales, il est nécessaire que compte tenu des paradoxes et des écarts entre régions, l’Etat 
continue d’actionner les mécanismes de solidarité et de redistribution des richesses nationales 
dans l’équité et selon les ressources et les besoins prioritaires. 
 
         La définition des ressources de la région doit en fait se faire en fonction de la nature et 
de la consistance des compétences qui lui seront transférées ; afin de l’accompagner dans la 
prise en charge des responsabilités de développement qui vont être les siennes. Le fonds de 
péréquation, devant assurer l’équilibre entre régions dans un cadre de solidarité nationale.  
          
         La région doit trouver l’ancrage de son développement dans ses potentialités et ses 
atouts propres, et des niches de développement non négligeables se retrouvent en effet dans 

l’écotourisme, l’artisanat, les plantes aromatiques et médicinales,  les sous produits forestiers, 
certains produits de la mer, les produits du terroir comme le miel, le fromage…  
          
         Il est donc nécessaire de valoriser ces produits et d’accompagner les acteurs locaux 
(coopératives, associations, artisans, paysans…), pour augmenter leur valeur ajoutée locale. 
Une assistance particulière doit être apportée aux porteurs de projets novateurs et de qualité 
pour la labellisation et la protection de leurs produits. 
          
         En effet, si la région doit donc disposer des pouvoirs nécessaires pour agir, elle doit 
également bénéficier des possibilités qui lui permettent de jouer son rôle d’incitateur et de 
facilitateur ; mais aussi de soutien, pour faire éclore l’esprit d’initiative local et faire féconder 
les niches potentielles de développement. 
         2.5‐ Le renforcement la déconcentration, 
                       La dynamique de régionalisation avancée et graduelle, doit
              s’accompagner par un renforcement de la déconcentration pour donner une
              forte impulsion à l’action de l’Etat au niveau territorial.
 

         Le renforcement de la déconcentration qui est un chantier ouvert depuis plusieurs 
années a donné des résultats  au niveau de certaines administrations publiques, alors que 
d’autres ministères n’arrivent pas encore à faire le deuil d’un centralisme éculé. 
  
         Le caractère indispensable de l’adoption d’une large déconcentration pour assurer une 
régionalisation judicieuse, « dans le cadre d’une gouvernance territoriale efficiente, fondée 
sur la corrélation et la convergence », est souligné avec force dans le Discours Royal de SM LE 
ROI MOHMAED VI du 3 janvier 2010. 
 
         A cet effet, une commission interministérielle a été instituée pour préparer une charte 
nationale de la déconcentration avec comme objectif la mise en place d’un système de 
gouvernance efficace, basé sur l’approche territoriale, dans le cadre d’un transfert des 
compétences du central vers les services déconcentrés, et en rupture effective avec la 
pratique du centralisme figé dans lequel l’administration à tendance à se morfondre. 
 
         Cette charte doit également prévoir les mécanismes institutionnels idoines pour 
articuler les pouvoirs des walis et gouverneurs et les adapter au contexte de la régionalisation 
élargie, pour leur permettre d’assurer une coordination effective des services déconcentrés de 
l’Etat; servir d’interface à la cohérence des actions menées au niveau des territoires, par les 
différents intervenants; et être l’interlocuteur des régions qui apparaissent comme les 
ressorts de la puissance économique de demain. 

         2.6‐ L’amélioration de la gouvernance territoriale,  
Compte tenu de l’évolution qu’a connu le Maroc durant les dernières années, le contexte 
semble plus que jamais favorable  à la mise en œuvre d’autres instruments de management et 
de gouvernance, notamment la programmation pluriannuelle et la contractualisation, qui 
apparaissent plus adaptés aux mutations de notre environnement  et aux projections de la 
régionalisation élargie. 
          
         La promotion de la pratique contractuelle, d’abord au sein des collectivités locales, mais 
aussi dans leur relation avec l’Etat et ses démembrements; ainsi que le secteur privé et la 
société civile;  permet en effet, d’insérer la politique de développement régional dans la 
politique nationale et d’améliorer le niveau d’exécution des programmes nationaux.  
          
         La contractualisation permet de faire converger les politiques nationales et régionales, 
d’aménagement du territoire et d’assurer un exercice harmonieux des compétences dont sont 
investis les différents niveaux d’intervention décentralisée.  
          
         Il s’agit de concilier entre le rôle stratège et régulateur de l’Etat et les pratiques de 
proximité des acteurs locaux, dans une démarche participative, d’adhésion et d’acception des 
modes d’intervention et des programmes arrêtés. Même si les décisions de principe, 
d’impulsion et de contrôle doivent pour certains aspects venir du centre, on ne peut bien 
aménager que dans la proximité.  
          
         La centralisation techniciste et sectorielle a en effet montré ses limites et son 
inefficacité, c’est pourquoi  la contractualisation constitue en fait une opportunité pour 
assurer une bonne articulation du national et du régional au niveau de la conception des 
projets, mais aussi pour donner  des rôles précis aux différents acteurs locaux.  
          
         Les réponses réelles aux problèmes de développement vécus par les populations 
locales, ne peuvent émaner que de programmes d’action régionaux, établis de façon 
interactive, et concertés avec l’Etat  dans le cadre d’une vision qui définit les rôles et les 
responsabilités de chaque partie selon le principe de subsidiarité. 
          
         La contractualisation postule en effet, une responsabilisation des différents porteurs de 
projets  sur la base d’objectifs précis, et une évaluation objective des résultats; démarche qui 
permet le pilotage des projets dans de meilleures conditions, et facilite les recadrages 
nécessaires en temps opportun et avec une pro‐activité plus agissante. 
          
         Le développement d’une vision stratégique de développement, déclinées en options 
régionales, est indispensable pour définir les orientations et les objectifs sectoriels et 
territoriaux de l’Etat à un horizon lointain, ce qui permet à la région et aux autres partenaires 
d’avoir plus de visibilité sur les options politiques de l’Etat et donc d’adapter leurs stratégies 
régionales aux orientations générales de l’Etat.  
         
         La stratégie dont l’élaboration est un préalable, ne suffit pourtant pas pour porter la 
contractualisation, dont la concrétisation est tributaire de la déclinaison de la vision en 
programmes d’action territorialisés avec des projets intégrés, glissants et classés selon les 
priorités. Cela permet notamment d’anticiper les actions de l’Etat et se préparer aux 
opportunités d’intégration, à travers la définition des priorités régionales et les possibilités de  
mobilisation de financement. 
2.7 Le nécessaire équilibre entre la conservation des ressources naturelles et l’exigence du 
développement humain,  
        La    protection     de   l’environnement       est  une  préoccupation        constante     qui   implique     une
responsabilité partagée, avec des défis aussi bien nationaux que planétaires :
Au niveau international,  et à l’ère de la mondialisation, l’environnement devient un problème
transfrontalier   par   excellence.   Le   Maroc   qui   est   conscient  des   enjeux   environnementaux,   a
participé   activement   aux   sommets           mondiaux      dédiés    à  la  problématique   du   développement
durable      (Rio     de   Janeiro,     Déclaration      du   Millénaire,      Johannesburg,        Tokyo,      Montréal,
Copenhague …), qui ont donné lieu à des principes fondamentaux en matière d’environnement
et de développement durable.

        Il    a  également       adhéré     et  ratifié   plusieurs     instruments      internationaux       concernant
l’environnement;         et  même      le  commerce       international     est  désormais      soumis     à  une   clause
écologique (commerce vert) institué par l’OMC.

Au niveau interne, la croissance démographique, la densité de la population, développement
urbain,      développement         économique sont         autant    de   d’occasions       et   de   risques     pour    le
développement         durable.    C’est    pourquoi,   il   est  nécessaire     d’avoir    une  politique     en   matière
d’environnement          et   d’assurer     l’évolution     du    droit   interne     de    pour     accompagner         les
changements qui se profilent.

        Sur ce plan, la région est investie d’attributions propres définies par l’article 7 de la loi
47-96 et qui consistent à :
* Elaborer un schéma régional d’aménagement du territoire, conformément aux orientations et
objectifs retenus au niveau national,
* Adopter toutes les mesures tendant à la protection de l’environnement, à la rationalisation de
la gestion des ressources hydriques,
* Veiller à la préservation et à la promotion des spécificités architecturales régionales,

        Les régions peuvent par ailleurs entreprendre toute action nécessaire au développement
régional      avec   l’Etat   ou    toute   autre   personne      morale     de   droit   public,   dans    le  cadre    de
conventions en faisant intégrer la dimension environnementale du partenariat.

        Depuis quelques années déjà le Maroc accorde un intérêt particulier à la problématique
environnementale.   Le   changement   climatique  constitue   en   effet   une vraie   menace ;   avec   son
cortège      de   catastrophes,      ses  aspects     inquiétants     multiples     (élévation     du   niveau     des   mers,
désordres       climatiques      (pluies,   sécheresse…),        disponibilité      de   l’eau,   forêts   en   dégradation,
espèces en disparition…Les causes étant bien entendu naturelles mais aussi anthropiques.

        Les   réponses   apportées   à   la   solution   de   ces   problèmes   qui   deviennent  de   plus   en   plus
récurrents,   violents   et   imprévisibles,   sont   insuffisantes ;   et   ce   malgré  la   prise   de   conscience
grandissante        mais    pas    souvent     partagée      par   tous ;    surtout    avec    Rio,    Kyoto,      Montréal,
Copenhague...

        Le Projet de Charte de l’Environnement, initié par les pouvoirs publics, et soumis, dans
une démarche participative, à l’examen de l’ensemble des régions du Royaume, dans le cadre
de journées d’information, de sensibilisation et d’étude. ; participe de la prise en charge par les
pouvoirs publics, de la problématique environnementale.

        La   démarche   participative   qui   a   été   adoptée  dans   l’action   de   vulgarisation,   participe
d’une volonté        d’associer les décideurs locaux pour l’enrichissement du projet, sa validation et
son     appropriation        par   des    élus    souvent      peu    regardants      sur    les   impacts     négatifs     sur
l’environnement,           les   déforestations,       les    dégradations       de    ressources       naturelles      et   les
implantations des carrières ; entre autres.

        Cette     démarche       doit   déboucher     sur    une   vision    pluriannuelle      territorialisée,    avec    des
objectifs stratégiques visant la conservation des ressources naturelles, en assurant un équilibre
entre l’utilisation et les potentialités exploitables, dans le cadre d’un développement durable.

        Une nouvelle approche managériale, visant la rationalisation des moyens et l’efficience
des     actions,    pour    la   mise     en  œuvre      d’objectifs      stratégiques,      susceptibles      d’induire     un
développement   durable   et   d’inverser   les   tendances   de   dégradations  tous   azimuts   auxquelles
nous participons, et répondre aux défis inhérents aux modèles de développement.
 
 Mesures d’accompagnement et découpage territorial,


1.   Mesures d’accompagnement de la régionalisation élargie, 
         Le      projet    de    régionalisation         élargie      ouvre     de    nouveaux          horizons        de    la   réforme
institutionnelle, et nous incite à penser cette réforme dans sa globalité, notamment à travers les
prismes suivants :
1- La   nécessité   de   revisiter   le référenciel   constitutionnel   encadrant   les   institutions   dans   leurs
     interactions, notamment pour asseoir une harmonie et une complémentarité entre les deux
     chambres du Parlement ;
2-  La   modernisation  des   organes  de   l’Etat,   pour   les   adapter   aux   exigences   de   la   situation
     actuelle      et   aux     défis    des    mutations       profondes        de    l’environnement ;            mais      aussi     pour
     accompagner   et   anticiper   ces  changements.   Cette   réforme   permettra   notamment   d’assurer
     une   coordination          entre   les   considérations   de   la   légitimité   démocratique,   les   exigences   de
     l’efficacité       au    niveau       du    management            et  la    construction         territoriale      raisonnable         et
     équilibrée ;
3-  Le besoin de revitaliser  le projet démocratique et  réconcilier le citoyen avec la politique ;
4-  La       révision       des     textes     de     loi   pour      les    accorder        avec      le    nouveau        système        de
     régionalisation(Code              des    élections,      Loi     sur    les   partis    politiques,       Déconcentration…) ;
     sachant que         la régionalisation élargie est              un processus progressif, et non pas une situation
     stable et figée. La construction de cet édifice dans un esprit innovant et de développement,
    est tributaire de la capacité des différents acteurs, de mener concomitamment deux logiques
    liées:
    *La logique de l’élargissement des domaines des libertés locales, et de l’approfondissement
    de la pratique démocratique ;
    *La logique de l’optimisation des ressources pour                  une rentabilité toujours plus grande des
    politiques publiques ;

        Il   ne   s’agit   donc   pas   seulement   d’améliorer  ou   de   revoir   les   textes juridiques   actuels;
mais   beaucoup   plus   d’établir   un  projet   de   régionalisation   élargie,   dans   le   cadre   d’une   vision
globale de la réforme de l’Etat ; qui doit concerner ses organes, son organisation, ses méthodes
de fonctionnement,         ainsi que la perspective de renforcement de la décentralisation régionale,
moteur et catalyseur pour le repositionnement de l'Etat au niveau central et territorial.

        Cette   perspective   postule   la  considération   des   deux   processus   de   décentralisation   et   de
déconcentration         au    niveau    régional,    comme     piliers   du   nouvel     équilibre    institutionnel,    et
support du      système de responsabilisation            politique, entre les différents acteurs, aux niveaux
central et local.

2.  Principes d’un découpage viable,
La viabilité économique et l’homogénéité doivent marquer la région de demain, pour lui
conférer, en tant qu’espace, une plus grande convivialité humaine et une cohérence
économique ;       et le découpage doit prendre en considération les réalités ethniques, culturelles et
géographiques, et faire en sorte que le local et le national se rejoignent sur le territoire.

        La modernité et la tradition peuvent en effet cohabiter en symbiose, puisque le projet
démocratique local marocain n’est réalisable que par une intégration du référent historique et
culturel, pour cristalliser le sentiment d’appartenance à une communauté de destin, qui forge la
conscience régionale, traduit et légitime la spécificité d’un territoire ; ce qui permet de cultiver
en osmose notre fierté d’être marocains, mais aussi notre attachement à un espace territorial où
on se reconnaît le plus, et pour le développement duquel  on œuvre, dans un cadre de saine
compétition et émulation.

        Tout le monde s’accorde à dire que le découpage régional doit obéir à des considérations
de viabilité économique, de cohérence, de proximité mais aussi de taille, de spécificité et de
solidarité. Ce référentiel doit s’intégrer dans approche globale, pour éviter de privilégier un
critère sur un autre, et afin de viser la cohérence de l’ensemble, à partir des besoins réels des
populations et des mécanismes de développement pour être actionnés.

        Car comme disait feu SM HASSAN II dans une interview au journal Maroc-Soir du 9
septembre 1992 «on doit voir chaque région porter le sceau de ses propres spécificités sans pour
autant mettre en cause l’unité nationale»; et sans, pourrait-on ajouter, participer à l’incubation
d’un quelconque séparatisme régional.

        Compte tenu du fait que la nécessité de décentraliser, de déconcentrer, de faire participer
les citoyens et de libérer les initiatives sur le plan économique, est aujourd’hui  reconnu, la
réforme doit se préoccuper d’opérer un découpage qui permette à la région de jouer un rôle
pivot dans la liaison entre l’intervention de l’Etat et celle des niveaux infrarégionaux (provinces
et communes), dont il faut également revoir les rôles qui leur sont dévolus; pour s’assurer la
mobilisation des acteurs locaux d’une part, et assurer l’équilibre entre les différentes parties du
territoire national, d’autre part.

        A   partir   des   éléments   développés   dans   le   rapport   portant   sur   l’état   des   lieux   et   les
perspectives de la régionalisation au Maroc, et en s’appuyant sur les  éléments introductifs du
découpage, plusieurs scénarios de découpages peuvent être envisagés et soumis à discussions.

        Dans toutes les hypothèses, les éléments suivants peuvent être retenus :
             • Capitaliser sur les réussites du système actuel,
             • Redresser les dysfonctionnements avérés,
             • Se baser sur des critères objectifs d’aménagement territorial et de développement
                 régional,
             • Se soucier de la viabilité économique et sociale, comme variables centrales autour
                 desquelles   se   construiront,   progressivement,   une   cohérence   et   un   équilibre   des
                 chances entre les différentes régions,

        Le   Maroc   à   travers   l’histoire,   a   su   maintenir  et   renforcer   l’unité   de   la   nation,   et   la
souveraineté territoriale et la question de la régionalisation dans notre pays, n’est pas liée aux
exigences   de   la   régionalisation   pure   ou   à   quelque   velléité      indépendantiste   du   centre   comme
c’est le cas pour l’Espagne.

         Il   s’agit   en    fait  d’une    exigence      politique,     visant    la   modernisation         de   l’Etat   et
l’amélioration de son efficacité au niveau du territoire et la gestion de proximité.

        Dans cette perspective, le nouveau découpage territorial des régions, doit être conçu dans
le cadre d’une approche participative, à travers un débat élargi                    et un choix raisonné combattant
la facilité et les stéréotypes, ainsi que les tendances récalcitrantes des adversaires de la réforme
régionale. La performance des missions sociales, culturelles et de développement de la région,
sont tributaires de :
    La         délimitation   des   domaines   d’intervention,           qui   permet   la   mobilisation   des   acteurs
        dans un cadre clair et précis, et la construction d’un projet commun de développement;

     La   considération   de   toutes   les   dimensions   essentielles,   qui   sont   de   nature   à   réaliser
         progressivement la synchronisation des chances et des opportunités entre les différentes
         régions; dans la diversité territoriale, culturelle et               économique ;
     construire           la  région     sur   la    base     d’une     identité    fonctionnelle       et   des    potentialités
         spécifiques en prenant appui sur l’unification de la vision et l’intégration des actions, afin
         de construire une région harmonieuse et porteuse de progrès;
     adopter   une   politique   claire   au   niveau   de  l’aménagement   du   territoire,   en   capitalisant
         notamment sur les conclusions du débat national sur l’Aménagement du Territoire qu’a
         connu notre pays ; et renforcer es mécanismes institutionnels en les rendant opposables
         juridiquement à tous les intervenants.

               Cette   démarche   est   susceptible   nous   libère   de   la   posture   « gagnant   -   perdant »,
     quelque      soit le découpage adopté. Ce qui doit primer n’est pas de trouver « l’harmonie »
     formelle   sur     carte,   mais   de  concevoir   une   vision   politique,   qui  assure   à   tout   le   territoire
    national   la   possibilité   d’emporter   le   pari   du   développement   et  de   la   solidarité ;   loin   des
     appréhensions sécuritaires tribales ou ethniques et dans le cadre d’espaces convenables, pour
     asseoir      des    stratégies     régionales       d’aménagement           du    territoire,     intégrées      et   viables
     économiquement et écologiquement ; et vivables socialement et culturellement.
 

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