Les reformes constitutionnelles au Maroc

les reformes constitutionnelles
La monarchie alaouite ne semble pas sourde aux mouvements de jeunes qui secoue les rues du Maroc, bien que les événements survenus depuis Février 20 ont jamais atteint l'ampleur de ce qui se passe dans d'autres pays arabes. En effet, les demandes de la jeunesse marocaine ont mis l'accent sur la réforme constitutionnelle qui devrait aboutir à une monarchie parlementaire et  l'assainissement de l'entourage politique, qui est beaucoup critiqué ces derniers temps. Une demande reprise en chÅ“ur par les socialistes de l’USFP et du PPS et par une partie des islamistes du PJD et même par le très docile Mouvement Populaire, auparavant très lié au Makhzen. Selon les informations disponibles , des réunions intensives ont lieu entre Mohamed Moatassim, conseiller politique du roi Mohammed VI, Omar Azzimane en charge du projet de la régionalisation et un collège de constitutionnalistes.

Le thème principal serait de modifier le texte de la Constitution marocaine en vigueur depuis 1996. En effet, le roi du Maroc avait annoncé il y a moins d’une année la mise en place d’un vaste programme de régionalisation, dont l’élaboration a été confiée dans la foulée à une commission ad hoc. Selon des diplomates européens, le rapport de cette commission serait une occasion de remodeler la constitution sans que cela ressemble à une concession aux divers mouvements qui traversent la rue marocaine.

Le gouvernement marocain peut grâce à l'inclusion d'un large régionalisation dans la constitution et le rééquilibrage des pouvoirs, accorder la demande de certains partis politiques. La monarchie serait toujours considérée comme un facteur à la fois de la modernisation politique et une source de changement. Rôle qu'il a jusqu'ici réussi à jouer sans faire de nombreuses concessions. En outre, selon des sources fiables, le roi devrait annoncer sous peu dans une allocution télévisée une foule de nouvelles réformes.

Reformes constitutionnelles au Maroc ,Un risque a prendre.

Que faut-il penser des propositions de réformes de la constitution contenues dans le discours du 9 mars ? C’est sans doute la question que se pose tout un chacun depuis les deux journées écoulées.
Sommes-nous en face de véritables réformes à même de mettre notre pays sur les railles d’une démocratie effective comme il en existe un peu partout dans le monde, où simplement d’une parodie de réformes, la nieme du genre, destinée à calmer les esprits en entendant le passage du tsunami en cours dans le monde arabe ?
Si on excepte les thuriféraires de carrière à l’affût des occasions pour étaler leur panégyrique habituelle, les avis des démocrates sont partagés. Il y a ceux qui pensent que le discours engage véritablement le Maroc dans la voie de la démocratie, à condition que la mobilisation ne faiblie pas pour rendre les réformes effectives. D’autres au contraire n’y voient qu’une manière de maquiller le régime foncièrement autoritaire et verrouillé par la sacralité du monarque comme des institutions, sans parler du fait que «les propositions sont des décisions unilatérales », selon les termes de Abdellah Hammoudi pour qui - comme pour Abdelhamid Amine- l’élaboration d’une constitution émanant de la volonté populaire est du ressort d’une assemblée constituante élue.
Un pas vers la démocratie ou opération de maquillage pour sauver le régime ?
Pour peu que l’on ne cède pas à la tentation de faire de la surenchère, sport assez prisé dans certains milieux d’opposition, force est de reconnaître que le discours a avancé un grand nombre de propositions de portée démocratique indéniable : La consécration de l’Etat de droit et l’élargissement des libertés publiques ; la constitutionnalisation des recommandations de l’instance Equité et réconciliation ; la reconnaissance de l’amazighité en tant que partie prenante de l’identité marocaine ; la séparation des pouvoirs dont la justice érigée pour la première fois en pouvoir ; renforcement du statut du premier ministre en tant que chef du pouvoir exécutif sans oublier la constitutionnalisation du conseil du gouvernement qui n’a aucun statut dans l’actuel constitution, etc..
Certes toutes ces propositions demandent à être concrétisées dans un esprit qui favorise la démocratisation effective du régime, c'est-à-dire sa transformation d’un régime autocratique en une démocratie parlementaire.
Et c’est là tout l’enjeu des prochains mois dont l’issue déterminera le destin de la démocratie dans notre pays.
Faut-il rappeler qu’au-delà du travail de la commission ad hoc chargée d’élaborer les réformes, une âpre négociation est à attendre entre les différentes composantes de la classe politique, dont essentiellement les partis appelés à être consultés et dont l’inclinaison au conservatisme, sinon l’hostilité à la réforme est plus que notoire?
La grande crainte que l’on est en droit d' avoir aujourd’hui vient sans doute moins de la commission ou de l'un ou de l'autre de ses membres, que des pressions qu’elle aura à subir de la part des partis politiques non seulement à l’hostilité affichée au Mouvement du 20 février et à son esprit tel le PAM, mais même de la part des partis du mouvement nationale tels l’Istiqlal voir l’USFP ou le PPS.
Il y a un grand risque que les négociations qui auront lieu dans les prochains jours n’aboutissent à l’élaboration d’une constitution minimaliste faite de petits compromis et de grands marchandages entre politiciens. Une constitution aux rabais. A moins que...A moins que le Mouvement du 20 Fevrier ne soit en mesure de maintenir le cap. Pour ce faire une grande mobilisation est plus que jamais indispensable. C'est dans les prochaines semaines que le vrai travail va commencer.

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